Culte des Rameaux : Mt 21, 1-11
Dimanche 05 Avril 2020
Culte de Pâques
Dimanche 12 Avril 2020
Jean : ch 20 versets 19 à 31
Dimanche 19 Avril 2020
culte
Dimanche 03 Mai 2020
Culte: Actes 10/1-48 Pierre et Corneille
Dimanche 10 Mai 2020
Culte : Les Actes des Apôtres ch 8 v 5 à 25
Dimanche 17 Mai 2020
Prédication l'Esprit Saint
Dimanche 31 Mai 2020
Textes : Exode 34 v 1 à 10 et Jean 3 V 16-18
Dimanche 07 Juin 2020
Culte par télé-conférence
Dimanche 08 Novembre 2020
Culte 22 novembre 2020 en télé conférence
Dimanche 22 Novembre 2020
Culte du 6 novembre
Lundi 07 Décembre 2020
Nous sommes dans le temps entre Pâques et Pentecôte. Après viendra la Trinité.
Quand j’étais enfant, je ne comprenais pas ce que cette notion voulait dire « Père, Fils et Saint Esprit, un seul Dieu ». Même si je n’y croyais pas trop, je disais que je n’allais pas fonder une nouvelle Église pour cela. J’acceptais.
Selon le concile de Nicée, en 325, la Trinité, ce n’est pas un quatrième personnage divin, c’est Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, un seul Dieu, en trois personnes. Ou, comme on dit en grec, trois « hypostases ». Un seul Dieu en trois personnes, c’est une chose que ne peuvent admettre les musulmans. Au surplus, de nombreuses Églises d’Orient ont refusé d’adhérer à cette formulation.
Pour nous, nous savons que Calvin était un farouche défenseur de la Trinité ; qu’il a approuvé la mise au bûcher, à Genève, de Michel Servet, qui critiquait cet article de foi (Père, Fils, et Esprit (ou Souffle), voir la finale de Matthieu 28.18-20).
Les querelles et les incompréhensions, en théologie comme en politique, viennent souvent de ce que le même mot n’a pas toujours le même sens pour tout le monde. À mon avis, le désaccord sur la Trinité porte sur des mots, qu’on ne comprend pas, ou pas de la même façon.
Je vais donc essayer de trouver des mots d’aujourd’hui pour dire ce qu’est pour moi ce mystère, ces réalités éternelles, en trois prédications qui porteront sur… devinez… le Père, le Fils, et le Saint Esprit.
Aujourd’hui, commençons par le commencement, c’est-à-dire par la Genèse. Au chapitre premier, et au premier verset de ce chapitre : « Au commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre. »
Le Premier Testament a deux mots pour nommer Dieu : Elohim (traduit par « Dieu ») et YHWH (traduit par « le Seigneur »). Très rarement, le mot « Abba » (Père, en araméen).
Nous parlons aisément de Dieu le Père, et pourtant, il est ABSENT du Premier Testament. Les rares mentions de Dieu comme Père, sur les 1200 pages de l’AT, se réfèrent à un Père collectif, à celui du Peuple d’Israël. À peine si l’on trouve, à la toute fin du Deutéronome (chapitre 32, verset 6), le cantique de Moïse : « L’Éternel n’est-il pas ton Père, celui qui t’a produit ? » Ainsi que des mentions analogues en Jérémie 31.9, Esaïe 9, Esaïe 63 : « Regarde, c’est Toi qui es notre Père » (seule prière adressée à Dieu comme Père, avec le psaume 89).
Dans le Premier Testament, l’enfant du Père, c’est toujours le peuple d’Israël ! Certes, aujourd’hui, les israélites prient Dieu comme un Père. Mais, c’est à partir des livres que nous appelons « Apocryphes » comme Sagesse, Baruch, etc. Ces livres ont été écrits avant Jésus, dans les trois derniers siècles avant Jésus-Christ.
Nous, après 2000 ans de christianisme, nous sommes habitués à appeler Dieu notre Père, mais, à l’époque de Jésus, c’était une grande nouveauté. La grande révélation qu’apporte Jésus, c’est la relation directe, individuelle, que chaque humain a avec Dieu, lorsqu’il se confie en Lui. Chaque personne, chacun de nous peut avoir une relation de fils ou de fille avec le Seigneur comme Père. Comme dit l’apôtre Jean dans le prologue de son évangile : « La Parole était la véritable Lumière ; elle a donné à chaque personne qui se confie en Lui le pouvoir de devenir Enfant de Dieu. »
C’est une révolution considérable dans les rapports entre le Ciel et la Terre, entre la divinité et l’humanité… Jésus nous révèle que Dieu est le Père de chacun de ceux qui se confient en Lui. Dieu est Notre Père, comme il nous enseigne à Le prier. Assez curieusement, cette révélation est répartie diversement entre les quatre évangiles. Luc et Marc ne mentionnent Dieu comme Père que deux ou trois fois.
Citons Luc 11.9 : « Demandez et ON vous donnera. Quel père, parmi vous, si son enfant lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu d’un poisson ? Si vous, mauvais comme vous êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père Céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demanderont ? » Lisez vous-même la suite.
Dans Matthieu, le Père est mentionné une vingtaine de fois, toujours désigné comme : « votre Père Céleste », ou « Mon Père et votre Père ».
C’est Jean, l’évangile le plus tardif qui le mentionne cinquante fois. Dans Jean 8.31-41, Jésus discute avec des Juifs « qui avaient cru en lui ». Ils répondent : « notre Père, c’est Abraham ! » Il est vrai que, quelques lignes plus bas, les mêmes juifs répondent : « Nous avons un seul Père : Dieu. »
Ce passage, et quelques autres, montrent les difficultés qu’avait l’humanité à comprendre Dieu comme Père. Ainsi qu’à comprendre la relation entre Dieu le Père et Jésus.
Parmi plusieurs passages, celui de Jean 14.9 : « Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire, Philippe : montre-nous le Père ? » Au jour de Pâques, Jésus dit à Marie-Madeleine : « Je monte vers mon Père, et Votre Père, vers Mon Dieu, et Votre Dieu. »
La grande révélation que Jésus apporte à l’humanité, c’est que Dieu est « Notre Père », comme il nous enseigne à le prier. Chaque personne peut avoir une relation de fils ou de fille avec le Seigneur.
Il est vrai que les Israélites, depuis longtemps, partagent cette relation dans leur prière quotidienne ou Hamida. : « Fais nous revenir, Notre Père, vers la Torah, et pardonne-nous, Notre Père, nous avons péché contre toi. » De même dans la liturgie du Kippour, ou dans le Kaddish, prière qui ressemble beaucoup à notre « Notre Père ».
Je ne sais pas de quand datent ces prières, mais le Canon de l’Écriture Sainte des Juifs est clos au troisième siècle AVANT J.-C. Les textes postérieurs de la Bible en grec (tels que Baruch ou l’Ecclésiastique) appelés deutérocanoniques, ou, par les protestants, « apocryphes », datent au plus tard, d’un ou deux siècles avant la naissance de Jésus. Je n’y ai trouvé nulle part la notion d’un Dieu comme Père personnel. Or, c’est cette relation directe qui est le message capital que Jésus apporte à l’humanité.
Mon opinion personnelle d’ignorant est qu’il est possible que pendant les trois siècles qui séparent le passage terrestre de Jésus et l’instauration du christianisme comme religion de l’Empire, il y a pu y avoir des contacts, surtout après la destruction du Temps de Jérusalem en 70, entre les Juifs croyant en Jésus, qui faisaient partie de l’Église primitive, à Corinthe, à Rome, ou à Thessalonique, avec les Juifs restés fidèles à la Synagogue.
Évidemment, les oppositions, puis les persécutions se sont durcies après que l’Église est devenue impériale et centralisatrice, puis elle s’est mise à persécuter les israélites. Quoi qu’il en soit de l’histoire, il est vrai que les juifs, aujourd’hui, s’adressent au Seigneur comme à un Père. Comment le font-ils ? Ce n’est pas à nous de distinguer, ni de juger.
L’important est d’avoir toujours présente cette révélation que Jésus nous a donnée : Dieu est notre Père. Le Dieu Créateur Universel, Tout Puissant (tout cela en Majuscules), le Juge Suprême, qui peut punir et récompenser, le Maître de l’Histoire, est aussi notre Père tout proche, qui connaît chacun(e) de nous, à qui nous pouvons nous adresser librement, simplement, à l’église comme chez nous, sans tralala, et lui dire tout ce que nous avons sur le cœur.
Il nous entend chacun, chacune. Il nous répond, pas toujours comme nous l’avions imaginé, mais Il ne nous oublie pas.
Il est Notre Père.
Amen.
Daniel Lanz