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Culte 22 novembre 2020 en télé conférence

Dimanche 22 Novembre 2020

Novembre en Allemagne

texte biblique : Esaïe 40 versets 1 à  10

 

En Allemagne, le dimanche avant le premier jour de l'Avent (22 novembre 2020), c'est le "Dimanche des morts‌", quand on commémore ceux qui sont morts depuis un an. C'est différent du 2 novembre, "Jour de toutes âmes", où on pense à tous les défunts. L'avant-dernier dimanche de l'année chrétienne (15 novembre 2020) est le "Jour du deuil du peuple" où on fait mémoire des soldats morts en guerre. Entre ces deux dimanches, il y a le mercredi "Jour de repentance et de prière" (18 novembre 2020). Et bien sûr, il y a la Toussaint, le premier novembre, et la St. Martin, le 11 novembre, que nous connaissons tous.

 

Ainsi, le mois de novembre, mois où les dernières feuilles tombent et la première neige arrive, où bon nombre d'animaux se mettent en hibernation et d'autres s'envolent vers le Sud, où nous ressentons doublement le manque de lumière, car les jours raccourcissent de plus en plus et l'heure d'hiver retarde la sortie du travail d'une heure par rapport à l'heure d'été - ce mois d'automne est souvent synonyme de brouillard et de déprime. Avec les feuilles rouges - oranges - jaunes et "l'été de la St. Martin", avec ces jours de commémoration, nous nous tournons une dernière fois vers le passé, nous regrettons l'été, nos morts et ce que nous avons mal fait ou omis de faire, avant que l'hiver nous rattrape et nous fasse rentrer dans nos maisons et dans nous-mêmes. Certains sont à l'automne de leur vie et redoutent de ne pas voir le prochain printemps.
Cette année, la peur de la Covid 19 et le confinement accentuent le phénomène. Nous avons juste le droit d'aller travailler - sauf certaines activités - , d'acheter le plus nécessaire et de se faire soigner si besoin, mais pas de se rencontrer, de s'amuser, de voyager. Il y en a qui tombent plus ou moins gravement malade, il y en a qui en meurent. Dans les hôpitaux, c'est la catastrophe, dans les EHPAD, l'hécatombe. L'existence matérielle de bon nombre d'indépendants et de salariés est menacée.
Et dans le monde, il y a des guerres, en Ethiopie, en Haut-Karabagh et ailleurs. Le changement climatique est de plus en plus évident.
Notre joie de vivre a pris un sérieux coup depuis le printemps. L'isolement social, la peur, la dépression, le désespoir. Le désert, en somme.

 

Et c'est là que l'Avent commence. Le mot vient du Latin: ad-venit = il vient à (à quelqu'un, à un lieu), il arrive. Le verbe advenir est de la même famille que le mot avenir - le futur, ce qui est à venir; le mot avenue - voie par laquelle on arrive dans un lieu; mais aussi le mot aventure, qui implique oser quelque chose malgré l'incertitude d'un danger ou hasard éventuel, en tout cas un côté extraordinaire, qui sort de la routine.
L'Avent, c'est l'attente avant Noël, la naissance du Christ, lumière au moment du solstice d'hiver.

 

En Allemagne, une tradition voulait qu'on mange une oie engraissée pour la St. Martin puis pas de viande jusqu'à Noël, quand une deuxième oie serait consommée. Voilà d'où viennent toutes les spécialités pâtissières de l'Avent: Une nourriture riche en calories pour supporter le froid, délicieuse, qui intègre les fruits de l'automne, mais sans viande. (Maintenant on a gardé les spécialités et les oies, mais pas le jeûne.)
Jeûne partiel, purification, préparation intérieure et extérieure. Les chants allemands de la fin de l'année chrétienne -  je vais vous en chanter un juste après - incitent à garder l'espoir, à veiller, à se tenir prêt pour l'arrivée du Seigneur. Le renouveau est déjà là. Les branches dénudées des arbres et arbustes portent déjà les bourgeons du printemps; sur les noisetiers, on voit les futurs chatons.

 

Mais comme les êtres vivants ont besoin du repos de l'hiver, nos âmes ont besoin d'un temps d'intériorité et de connexion à Dieu pour être fraîches et disponibles à l'accueil de Sa lumière au milieu de la nuit. Comme l'herbe qui fane, dans le texte biblique que nous avons lu, nous nous sommes dépouillés du deuil de nos morts et du passé en général, pour nous tourner vers l'avenir, qui pousse depuis les racines, la parole de Dieu, qui est notre origine et qui arrive.
Amen.